C’est une bonne nouvelle. Hier, le Parlement européen a voté avec 639 voix pour la résolution d’urgence sur la situation politique, sociale et humanitaire en Haïti, dont j’étais la négociatrice pour le groupe des verts.
L’adoption de cette résolution d’urgence par le Parlement européen était attendue. La population haïtienne souffre de l’instabilité politique du pays et des difficultés d’accès aux services sociaux de base. Corruption, incompétence du gouvernement, mauvaise gestion de la crise sanitaire, enlèvements et violence des gangs, institutions et infrastructures publiques minées, insécurité alimentaire : la situation en Haïti est inquiétante et ne peut plus durer.
La résolution pointe du doigt le climat de violence qui règne dans le pays et dénonce les pratiques inconstitutionnelles du président Jovenel Moïse qui gouverne le pays par décrets, depuis février 2021. Le rapport insiste aussi sur le problème de la corruption. Le Parlement européen rappelle ainsi que le rapport de la Cour des comptes haïtienne, désormais muselée par l’exécutif, fait état de l’implication de Jovenel Moïse dans les détournements des fonds du programme Petrocaribe, et le lien entre les gangs armés et l’oligarchie locale. Face à ces problèmes de corruption généralisée, nous demandons qu’un audit des fonds européens à destination du pays soit réalisé par la Cour des Comptes européenne.
Le rapport s’alarme de la situation sociale et économique du pays, à l’origine de la crise, et soutient les mobilisations et les appels de la société civile haïtienne à une transformation profonde et à une « transition de rupture ».
Avec cette résolution, nous soutenons notamment la tenue d’élections libres et transparentes en Haïti. Ces conditions ne sont actuellement pas remplies.
Malgré certaines demandes importantes, il faudra aller plus loin que la résolution adoptée par le Parlement, qui demeure insuffisante et timide sur certains points, et ce en poussant l’UE et la communauté internationale à changer de politique internationale vis-à-vis d’Haïti.