Le 19 octobre 2021, le Parlement européen a adopté une résolution sur la nouvelle stratégie alimentaire de l’Union européenne, la stratégie “De la Ferme à la Fourchette”.
Volet alimentaire et agricole du “Green Deal” européen, cette stratégie est cruciale pour mettre notre système alimentaire en cohérence avec nos objectifs de lutte contre le dérèglement climatique. Elle vise à rendre nos systèmes alimentaires plus durables dans leur globalité, par exemple en augmentant la part des terres consacrées à l’agriculture biologique ou en réduisant de 50 % l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Mais elle prévoit aussi des dispositions protégeant les animaux, et doit couvrir plus en détail le secteur de la pêche.
Animaux : une stratégie qui va dans le bon sens
La stratégie “De la Ferme à la fourchette”, prévoit la révision de l’ensemble des règles en matière de bien-être animal en 2023. C’est une chance historique d’améliorer la condition des animaux d’élevage en Europe.
Sur le transport, nous devrions arrêter l’exportation d’animaux vivants hors de l’Union européenne, mettre en place une durée de transport maximale de huit heures pour tous les animaux, et 4 heures maximum pour les volailles et lapins, et une interdiction du transport d’animaux non sevrés. Enfin, les pratiques les plus cruelles comme l’élevage en cage doivent être interdites.
Néanmoins, à l’heure où 40% des terres cultivées le sont pour nourrir le bétail, et où l’élevage industriel conduit à des souffrances immenses chez les animaux, que ce soit pendant l’élevage, le transport ou l’abattage, nous ne pourrons pas nous satisfaire de changements à la marge. Il faut mettre fin à l’élevage industriel et privilégier d’autres formes d’élevage respectueuses du climat et de l’environnement, mais aussi plus gratifiantes pour les éleveurs.
Pêche : le Parlement demande sa pleine inclusion
La Stratégie telle que proposée par la Commission européenne n’était pas très détaillée en ce qui concerne la pêche. Les produits de la mer et la filière de la pêche faisant pleinement partie de nos systèmes alimentaires, nous avons travaillé à intégrer un volet maritime à la stratégie, pour que l’idée “de la ferme à la fourchette” soit accompagnée d’une composante “de la mer à l’assiette”. C’est crucial pour que la pêche puisse pleinement jouer son rôle dans la réduction de l’empreinte environnementale des systèmes alimentaires, pour que les océans et les populations de poisson puissent faire preuve de résilience, et pour que nous puissions tous profiter de produits de la mer sains et abordables. Le Parlement réaffirme son attachement à l’application pleine et entière de la Politique Commune de la Pêche, à une gestion durable des populations de poissons. Il demande à amplifier les efforts dans la lutte contre la pêche illégale. Suite des amendements déposés par les Verts, le Parlement demande aussi une répartition plus juste des quotas de pêche et qu’une part plus importante revienne à la petite pêche côtière.
Les lobbies de l’agro-industrie vent debout
Dans les jours qui ont précédé le vote, les lobbies de l’agro-industrie se sont fortement mobilisé pour tenter de vider de son contenu la résolution du Parlement européen. (Cf Article du Monde du 12 octobre 2021). Fort heureusement, leur tentative a échoué et un compromis ambitieux a été adopté.
Cette stratégie “de la Ferme à la Fourchette” représente un premier pas vers un changement systémique de nos systèmes alimentaires. Dans les mois à venir, je me battrai au Parlement européen pour que la stratégie soit pleinement appliquée, et que sa mise en œuvre soit ambitieuse, notamment sur ses volets bien-être animal et pêche.
