En cette rentrée de septembre 2020 , la commission de la pêche s’est penchée sur les mesures de gestion du thon rouge dans l’Atlantique Est et dans la Méditerranée. En tant que négociatrice pour le groupe des Verts, je me bats pour une meilleure répartition du quota autorisé de pêche du thon rouge aujourd’hui concentré entre les mains d’une poignée d’armateurs et pour une approche tenant compte des précautions scientifiques.
Des stocks de thon rouge en meilleure santé mais toujours des incertitudes scientifiques
Les thons étant des espèces migratrices qui voyagent sur de très longues distances, des organismes internationaux ont été créés pour suivre les populations et mettre en place les mesures nécessaires à la bonne santé des espèces. Dans l’Atlantique et la Méditerranée , c’est l’ICATT (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique) qui joue ce rôle.
Au début des années 2000, les populations de thon rouge d’Atlantique Est et de la Méditerranée étaient au bord de l’effondrement du fait de la surpêche. Face à la pression de l’opinion publique, des mesures de gestion ambitieuses ont été adoptée. En 2007, l’ICCAT a adopté un plan de reconstitution qui a permis aux stocks de thon rouge d’augmenter au fil des ans, via la mise en place de quotas et de périodes de pêches strictes, associées de mesures de contrôle.
Grâce à ces mesures, la situation s’est considérablement améliorée. En 2018, suite à un avis rendu par son comité scientifique, l’ICATT adopte un plan pluriannuel prévoyant une augmentation progressive du quota de pêche à 36.000 tonnes par an. Pour être valide, le nouveau plan de gestion de l’ICATT doit être transposé dans le droit européen.
Même si l’augmentation des quotas de pêche est nécessaire, j’appelle toutefois à faire preuve de prudence. Les niveaux de capture actuellement autorisés sont très hauts et une approche vigilante est souhaitable pour éviter que les efforts consentis depuis des années soient réduits à néant.
Des quotas qui augmentent mais qui demeurent inégalement répartis
Le second problème est d’ordre socioéconomique puisque, jusque-là, le quota est concentré entre les mains d’une poignée d’armateurs. Ces derniers exportent généralement les thons vers le marché japonais. Les petits pêcheurs, au contraire, n’ont souvent même pas le droit de pêcher ne serait-ce qu’un seul thon.
Cette situation constitue une injustice pour la petite pêche côtière qu’il convient de réparer avec l’augmentation du quota. C’est la raison pour laquelle j’ai déposé un amendement pour la redistribution du quota de la pêche industrielle vers la pêche côtière. Des députés d’autres groupes politiques ont en effet voté pour retirer toute référence au Rendement Maximum Durable (RMD), un objectif-clé de la Politique Commune de la Pêche pour lutter contre la surpêche, en permettant le renouvellement des populations de poissons à des niveaux durables.
Malgré ce progrès, je n’ai pas pu voter en faveur du rapport final. Plusieurs députés d’autres groupes politiques ont en effet voté pour retirer toute référence au Rendement Maximum Durable (RMD), un objectif-clé de la Politique Commune de la Pêche pour lutter contre la surpêche, qui est un élément central de la pêche durable. Cette suppression envoie un signal négatif et je me suis donc abstenu sur le vote du rapport final.
Nous allons désormais entamer les négociations avec les États membres pour aboutir à un texte commun qui pourra être voté par l’ensemble du Parlement européen en plénière.
Pour plus d’informations sur le sujet retrouvez mes interventions en Commission de la pêche à ce sujet sur ma chaîne YouTube :
Retrouvez ici le webinaire « Thon rouge, haussons le thon ! », que j’ai organisé avec des pêcheurs, scientifiques et ONG, en mai dernier, lors de la Journée nationale du thon rouge :