Le 25 novembre dernier, le gouvernement français a encore une fois fait preuve de son parti pris pour la pêche industrielle et contre la pêche artisanale en causant le rejet par la Conseil de l’Union européenne d’un règlement sur le thon rouge qui contenait un paragraphe défendant les petits pêcheurs.
Au printemps dernier, j’ai été nommée cheffe de file du groupe des Verts-ALE sur le plan de gestion du thon rouge dans l’Atlantique et la Méditerranée. Le dossier était en apparence anodin : nous devions de transposer dans le droit européen des mesures décidées au niveau international pour protéger cette espèce longtemps menacée.
Une négociation serrée au Parlement
J’ai pourtant décidé de déposer plusieurs amendements pour défendre les petits pêcheurs. En effet, selon la Commission européenne, les pêcheurs artisanaux ne reçoivent qu’une part ridicule du quota de thon rouge. En France, c’est moins de 12%. En Italie, à peine 3%.
Une poignée de navires thoniers industriels se sont accaparé le quota de thon rouge, en toute impunité.
Un des amendements que j’ai déposés demandait aux états de mettre en place un plan de redistribution du quota de thon vers la pêche artisanale. Au sein du Parlement, le sujet a rapidement fait consensus. Un texte, moins ambitieux que celui que j’avais proposé, mais qui avait le mérite d’exister, a été adopté par tous.
Lors des négociations avec les États-membres, le Parlement a fait de la petite pêche une priorité. L’accord final précisait que les états « répartissent équitablement les quotas nationaux entre les différents segments de flotte, en tenant particulièrement compte de la pêche traditionnelle et artisanale »
La France organise le blocage de l’accord
L’accord, négocié avec la présidence allemande du Conseil, était là. C’était sans compter sur le gouvernement français. Le 25 novembre, le représentant du gouvernement français, opposé à cette formulation, a organisé le blocage du texte, réussissant à réunir une minorité de blocage.
C’est la première fois en 15 ans, qu’un texte issu des négociations entre le Conseil et le Parlement et qui concerne la pêche, est rejeté.
Réunis le 17 décembre, les négociateurs et négociatrices de chaque groupe politique du Parlement européen ont décidé de réaffirmer leur soutien à la pêche artisanale. Le rapporteur, le social-démocrate italien Guiseppe Ferrandino, se rapprochera des états pour les en informer et savoir s’ils souhaitent à nouveau négocier un texte qui défende les intérêts de la pêche artisanale.
Photo : Jean-Pierre Bazard, Wikimedia Commons