Dans la nuit du 16 au 17 décembre, le Conseil Agriculture et Pêche, composé des ministres de la pêche de chaque état ont adopté les quotas de pêche pour 2021.
Encore une fois, les ministres européens, dont la ministre française Annick Girardin, ont cédé aux sirènes du court-termisme en choisissant de ne pas suivre les avis scientifiques relayés par les propositions de la Commission européenne.
Dans l’Atlantique, 35 % des quotas ont été fixé au-dessus des niveaux de durabilité recommandés par les scientifiques. Ce sont notamment les stocks sur lesquels il n’y a pas suffisamment de données scientifiques qui ont été fixés au-dessus des recommandations, contrairement à l’approche de précaution qui est prévue par la Politique Commune de la Pêche. C’est pour cela que, dans mon rapport Plus de Poissons dans les Mers qui sera voté en janvier par le Parlement européen, nous demandons un renforcement de la couverture scientifique pour que le RMD puisse être calculé sur tous les stocks d’ici 2025.
La méditerranée en danger
Pour la Méditerranée, où la situation est particulièrement préoccupante, la Commission européenne avait proposé une réduction de 15% de l’effort de pêche des chalutiers, par rapport à ce qui était prévu par le plan pluriannuel. Les ministres ont malheureusement rejeté cette proposition et n’ont adopté qu’une baisse de 7,5%. Rappelons que selon les scientifiques, près de 92% des stocks sont surexploités en Méditerranée!
Le Commissaire européen à la Pêche Virginijus Sinkevicius a même déclaré qu’il « regrette que les ministres n’aient pas été prêts à tenir compte des avis scientifiques et à convenir de réductions de l’effort plus ambitieuses qui auraient permis de ramener les stocks de poissons à des niveaux durables et de garantir à long terme la viabilité socio-économique des pêcheurs qui opèrent dans la région ». Si même la Commission le dit !
La fixation de ces quotas au-dessus des recommandations scientifiques est bien sûr une mauvaise nouvelle pour les écosystèmes, les populations de poisson, mais aussi pour les pêcheurs dont l’activité est mise en péril sur le long terme, notamment dans la méditerranée.
Risque de surpêche accru suite au Brexit
Elle est d’autant plus inquiétante qu’un autre danger plane sur les populations de poissons: le Brexit. Une centaine de quotas pour des stocks partagés avec le Royaume-Uni ont été fixé de manière provisoire pour 3 mois, dans l’attente du résultat des négociations avec le Royaume-Uni.
Quelle que soit l’issue des négociations, le risque de surpêche est réel. Les résultats obtenus ces dernières années ne doivent pas être menacés. Les ministres doivent être prêts à réduire ces quotas, si nécessaire. Charge ensuite aux gouvernements nationaux d’appliquer pleinement l’Article 17 de la PCP pour que ces baisses soient appliquées de manière à ne pas mettre en danger la petite pêche côtière et la pêche artisanale.