J’ai envoyé aujourd’hui un courrier adressé au Commissaire européen à la pêche Virginijus Sinkevičius pour demander l’interdiction de tout type de pêche de fond dans la Zone de Reconstitution des Stocks de Poissons (FRA) du Golfe du Lion.
Le courrier a été co-signé par 35 de mes collègues eurodéputé.e.s, tous groupes politiques confondus.
Le contexte : une situation préoccupante dans le golfe du Lion
Le golfe du Lion est une aire importante pour les populations de poissons et la biodiversité marine en Méditerranée, qui comporte de nombreux habitats sensibles (herbiers de posidonie, coralligène, canyons sous-marins, etc.) Il a constitué, pendant des années, une zone de pêche stratégique pour les flottes française et espagnole, ce qui a largement contribué à la dégradation considérable de la biodiversité observée dans les deux dernières décennies.
Les zones de restriction des activités de pêche (Fisheries Restricted Areas, FRA) sont un outil essentiel créé par la Commission générale des pêches de Méditerranée (CGPM) pour permettre le rétablissement des populations de poissons et la protection d’habitats marins vulnérables. Depuis 2005, neuf FRA ont été instaurées en Méditerranée.
La zone de reconstitution des stocks de poissons (FRA) du golfe du Lion a été créée en 2008 pour préserver notamment les merlus reproducteurs. Le chalutage de fond est resté autorisé à un niveau d’effort de pêche équivalent à celui de 2008. Douze ans plus tard, le merlu est au bord de l’effondrement sur tout le Golfe, et 90 % des femelles et 41 % des mâles capturés sont des juvéniles. Une étude scientifique récente témoigne de l’insuffisance d’une fermeture temporaire de la FRA, telle qu’instaurée par la France en 2019, pour permettre le rétablissement rapide des stocks de cette zone.
Au contraire, la FRA de la fosse de Jabuka/Pomo, créée en 2017 en mer Adriatique constitue un exemple concret de ce qui peut être fait pour rétablir des stocks surexploités et restaurer des écosystèmes, tout en offrant une perspective aux pêcheurs qui en dépendent économiquement. Mise en place dans un emplacement d’importance stratégique, un lieu de reproduction pour certaines espèces, elle comprend une réserve intégrale où la pêche de fond est interdite ainsi qu’une zone tampon dans laquelle l’effort de pêche a été réduit. Dix-huit mois après sa mise en place, la biomasse du merlu s’y est multipliée par 2,5 et celle de la langoustine a doublé. De plus, le succès de la FRA réside dans le large soutien des pêcheurs, qui ont vu leurs captures augmenter.
Pour reconstituer les stocks de poissons dans cette zone, comme le merlu au bord de l’effondrement, la Commission européenne doit soutenir et promouvoir activement l’interdiction totale et permanente de tous types de pêche de fond dans la FRA du golfe du Lion. Ce serait un investissement qui offrirait des avantages à court, moyen et long terme pour les écosystèmes marins mais aussi pour les pêcheurs.
De plus, la revue scientifique Nature a récemment montré l’immense coût carbone du chalutage de fond. Il est nécessaire d’atténuer ses impacts, dans le contexte de la lutte contre le changement climatique.
Plus largement, les zones de reconstitution des stocks de poissons (FRA) constituent un outil essentiel pour reconstituer les populations de poissons dans les eaux européennes. Les pays méditerranéens doivent saisir l’occasion en 2021, année de la biodiversité, d’étendre le réseau de zones de reconstitution des stocks de poissons.
Lire le courrier :
Photos : © Habitats du Golfe du Lion, GreenPeace
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