Du 3 au 11 septembre 2021 avait lieu à Marseille le Congrès Mondial de la Nature de l’IUCN, un événement crucial à quelques semaines de la tenue des négociations des nations unies sur la biodiversité (COP15) à Kumming en Chine.
Le constat est clair. Nous assistons à un véritable effondrement de la biodiversité, dû à la surpêche, à l’utilisation massive de pesticides par l’agriculture industrielle, à la déforestation, aux dérives du libre échange et au dérèglement climatique. Face à cela, il nous faut amorcer un changement de paradigme complet. Malgré les beaux discours et les annonces du gouvernement, beaucoup reste à faire.
La mobilisation de toutes et tous est nécessaire. C’est pourquoi j’ai tenu à participer à ce congrès mondial de la nature pour intervenir sur les sujets en lien avec mon travail au Parlement européen.
Des Aires Marines vraiment protégées
A l’invitation de France Nature Environnement et de l’ONG Seas at Risk, je suis intervenue dans un atelier sur les « Prises accessoires et le chalutage de fond dans les Aires Marines Protégées européennes (AMP) en Europe ». Cet atelier a été l’occasion de dresser le bilan préoccupant de l’état des mers européennes, de comparer les réseaux français et britanniques d’AMP et de réfléchir collectivement à des solutions (objectif chiffré clair de protection stricte en mer et implication des pêcheurs dans le contrôle et la gestion des AMP, limitation des techniques de pêche les plus néfastes comme la pêche de fond…)
A l’international : des mesures de conservation qui respectent des droits des peuples autochtones
J’ai aussi participé à différentes conférences, notamment sur les différents types d’Aires Marines Protégées (AMP) et leur nécessaire appropriation par les communautés locales et les peuples autochtones. En particulier, j’ai pu échanger avec Abdou Karim Sall, pêcheur artisan au Sénégal et président de l’Aire Marine Protégée Joal-Fadiouth. Pour lui, « Les AMP sont d’abord créées pour les populations qui doivent décider comment les gérer ». Sans acceptation des populations locales et des peuples autochtones elles ne sont que des « Aires protégées de papier », sans réelle efficacité.
Les mesures de conservation ne doivent pas justifier de violations des droits humains et des droits des peuples autochtones, dont les terres ont parfois été menacées par la mise en place d’aires protégées. La lutte contre l’effondrement de la biodiversité doit absolument prendre en compte une approche décoloniale et mettre au centre des préoccupations les peuples autochtones qui sont les premiers gardiens des forêts, selon un rapport récent de la FAO. C’est la raison pour laquelle j’ai aussi participé au lancement d’une grande coalition pour la protection de la biodiversité avec des représentants des peuples autochtones et des eurodéputé-e-s engagé-e-s, à l’initiative de Michèle Rivasi et Raphaël Gluscksmann, en marge du congrès.
Ne pas laisser passer notre dernière chance de sauver le requin mako.
J’ai aussi eu le plaisir de rencontrer l’ONG Sharkproject international qui milite pour la protection du requin mako, en danger à cause de la surpêche. Il nous reste peu de temps pour agir pour sauver les requins mako!
D’après la nouvelle liste rouge de l’UICN mise à jour à l’occasion du congrès, environ 37% des espèces de requins et de raies sont menacées d’extinction.
Pourtant, la Commission européenne continue à bloquer tout accord sur la non-rétention de cette espèce.
La défense de la petite pêche artisanale et son rôle dans la protection des océans.
J’ai rencontré le commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche Virginijus sinkevicius avec les pêcheurs petits métiers. Je vous en dis plus dans cet article.
Le combat pour la biodiversité -indissociable de celui contre le changement climatique, mais aussi de la lutte contre les épidémies, la lutte contre la faim dans le monde, la protection des droits humains et des peuples autochtones, ou encore la protection des animaux- est loin d’être gagné. Tous ces sujets reviendront dans l’actualité européenne d’ici la fin de l’année et je serai au rendez-vous pour faire entendre notre voix.