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Interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées : Bruxelles envoie le bon signal mais manque de courage politique

La Commission européenne a publié aujourd’hui son plan d’action pour la conservation des ressources halieutiques et la protection des écosystèmes marins. Le document annonce notamment la fin progressive du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) européenne d’ici à 2030.

Le document initialement prévu en 2021 avait été reporté à de nombreuses reprises, notamment suite à la très forte mobilisation des lobbys de la pêche industrielle. En mai 2022, un vote important et controversé avait eu lieu au Parlement européen suite au dépôt d’un de mes amendements.

 

Le chalutage de fond toujours présent en zones protégées

 

Le chalutage de fond est une technique de pêche qui consiste à traîner de lourds filets lestés sur les fonds marins. Elle contribue à la destruction d’habitats des fonds marins essentiels à la biodiversité marine, à de nombreuses prises accessoires d’espèces sensibles, consomme d’importantes quantité de carburant et conduit à d’importantes émissions de CO2.

La majorité des aires marines protégées en Europe ne sont protégées que sur le papier. 60% d’entre elles subissent encore le chalutage de fond. En France, seul 1,6% de l’espace maritime bénéficie d’un haut niveau de protection, dont moins de 0,1% en Méditerranée.

La Commission européenne déclare le chalutage de fond et les aires marines protégées incompatibles

 

Avec ce plan d’action, la Commission européenne reconnaît que le chalutage de fond est incompatible avec la notion d’aire marine « protégée ».

La Commission propose de résoudre cette situation en mettant fin progressivement à cette technique de pêche destructrice dans les aires marines protégées. C’est un bon signal !

Mais la mise en œuvre de cet objectif laisse à désirer. La crise de la biodiversité marine ne peut pas attendre jusqu’en 2030, délai fixé par la Commission européenne.

Le plan de la Commission européenne n’est pas contraignant et repose sur le bon vouloir des gouvernements européens, qui s’opposent régulièrement à des mesures de protection des océans. D’ailleurs, le gouvernement Macron ne prévoit même pas d’interdire systématiquement le chalutage de fond dans les 10% de «zones de protection forte» !

En 2024, la Commission évaluera la mise en œuvre de ces objectifs. Face à l’état d’urgence des océans, elle doit proposer une vraie législation européenne.

La Commission rappelle la nécessité de réduire les captures accessoires …

Au-delà du chalutage de fond, d’autres problèmes urgents sont mentionnés. La Commission européenne demande aux gouvernements de mettre en place les mesures nécessaires d’ici fin 2023 pour réduire les captures accessoires de dauphins du Golfe de Gascogne dans les filets de pêche. Le gouvernement français doit enfin agir face à l’hécatombe et écouter les scientifiques en introduisant des fermetures temporelles des pêcheries !

 

… mais reste silencieuse sur l’interdiction de la senne démersale près des côtes

Autre point négatif, le besoin d’interdire la senne démersale près des côtes. Technique de pêche dévastatrice qui a fait couler beaucoup d’encre il y a quelques mois, la senne démersale n’est pas du tout mentionnée alors même que son interdiction est demandée par de nombreux pêcheurs-euses. Ce n’est pas non plus le cas des Dispositifs de concentration de poissons (DCP), une technique de pêche massivement utilisée par la flotte thonière européenne et qui menace la vie dans l’océan Indien.

 

Photo: EUO © OCEANA Juan Cuetos

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