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Accord de Pêche UE-Mauritanie: il faut stopper la surpêche liée à la production des farines de poissons !

Le 8 juin 2022, le Parlement européen a approuvé le nouvel accord de Pêche entre l’Union européenne et la Mauritanie ainsi qu’une résolution qui accompagne l’accord. J’ai été désignée responsable pour le groupe des Verts/ALE de ce rapport. Il s’agit de l’accord de pêche le plus important signé par l’UE, tant en termes de quantités pêchées que d’argent versé. Il prévoit que les navires européens pêchent différentes espèces (crustacés, crevettes, merlus noir, petits poissons pélagiques, thons) dans les eaux mauritaniennes.

Les pêcheurs artisans mauritaniens que nous avons rencontrés sont globalement satisfaits par cet accord de pêche. Certaines de leurs demandes clés ont été reconduites comme l’interdiction pour la flotte européenne de pêcher le poulpe, réservé à la pêche artisanale.

Leur principale crainte réside dans la surpêche des petits poissons pélagiques en Mauritanie à destination des usines de farine à poisson étrangères. Ces usines étrangères se sont multipliées mettant en danger la sécurité alimentaire locale et les droits humains. L’UE pêche aussi ces poissons mais pas à destination de la production de farines de poisson. Une partie de la zone de pêche pour les navires européens ne sera accessible que si la Mauritanie adopte un plan de gestion pour ces stocks, qui devrait s’appliquer à tous les navires.

Dans une résolution accompagnant l’accord, le Parlement demande à l’Union européenne d’agir et de soutenir la Mauritanie pour « empêcher la surpêche des petits pélagiques et de mettre fin aux effets négatifs de l’industrie des farines et huiles de poisson ». La résolution adoptée demande la mise en place d’une organisation régionale de gestion des pêches entre les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, qui serait soutenue par l’UE, afin de gérer durablement ces stocks de poisson partagés entre différents pays côtiers d’Afrique de l’Ouest.

Sur les 60,8 millions d’euros que recevra la Mauritanie, 3,3 millions devront financer des mesures de soutien à la pêche artisanale, aux communautés locales et à la promotion de la consommation humaine des produits de pêche. Le Parlement insiste pour que les fonds versés par l’Union européenne soutiennent l’ensemble de la pêche artisanale mauritanienne ainsi que des évaluations scientifiques des stocks surpêchés. La résolution demande aussi que les rapports annuels sur la façon dont les fonds sont utilisés soient rendus publics, une demande importante pour la société civile et la pêche artisanale.

Enfin, l’accord prévoit des avancées en matière de transparence des pêches et la Mauritanie a fait ces dernières années d’importants progrès, avec la publication de rapports détaillés. Le protocole prévoit également des avancées sur l’embarquement d’observateurs scientifiques à bord des navires européens. Une clause concernant le respect des droits humains et permettant la rupture de l’accord sur cette base est également présente dans l’accord de pêche. De manière générale, la pratique de l’esclavage, bien qu’officiellement interdite en Mauritanie, persiste dans le pays et est régulièrement dénoncée par les défenseurs des droits humains. Dans la résolution, nous avons souligné l’importance du respect des droits humains, notamment pour ce qui est des conditions de travail dans le secteur de la pêche. Pour ce qui est de la pêche, des cas de travail forcé et d’abus ont été documentés dans la région sur des navires pêchant illégalement, notamment des navires chinois.

Un de mes amendements à la résolution qui a été adoptée dénonce la pratique des « pavillons de complaisance », qui consiste pour des navires étrangers à prendre le pavillon de certains pays d’Afrique de l’Ouest pour contourner les réglementations. Cette pratique est particulièrement préoccupante, renforce la surpêche et la pêche illégale. Elle est utilisée par des navires européens dans la région, comme le montre un rapport récent.

L’accord de pêche doit servir de levier pour avancer vers une gestion durable des pêches dans une région où les navires étrangers sont très présents et où l’absence d’accord de pêche est encore plus problématique pour la transparence et la surexploitation des ressources. Je suivrai sa mise en œuvre pour m’assurer que les priorités énoncées par la Commission européenne soient respectées.

 

Photo : Back from octopus fishing – Mauritania, Uzabiaga, licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license.

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