Cette semaine, le Parlement européen se prononce sur le projet de réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). C’est une politique centrale pour l’Union européenne qui fournit des aides financières aux agriculteurs et qui représente un tiers du budget européen.
Avec le groupe des Verts, je défends une PAC qui protège les paysans, les animaux et l‘environnement.
La PAC actuelle nous envoie dans le mur. Elle continue de soutenir les pratiques agricoles les plus néfastes pour le climat, l’environnement et la biodiversité. Elle entraîne des souffrances animales immenses en subventionnant l’élevage industriel. Elle se fait aussi au détriment des paysans, moins nombreux, plus souvent forcés à vivre sous le seuil de pauvreté mais aussi premières victimes des pesticides.
La PAC a aussi des effets néfastes sur les systèmes agricoles des pays en développement déjà durement frappées par les effets du changement climatique (sécheresses, inondations, etc). Par exemple, l’exportation massive de poudre de lait à bas coût vers l’Afrique de l’ouest déstabilise les marchés agricoles et contribue à diminuer les moyens de subsistances des agriculteurs.
Il faut changer la PAC. Au lieu de donner de l’argent en fonction du nombre d’hectares que possède un agriculteur comme c’est le cas dans le système actuel, distribuons les subventions européennes en fonction de l’adoption de pratiques agricoles bonnes pour l’environnement, le bien-être animal ou en fonction du nombre d’emplois créés.
Le projet de réforme de la Commission européenne publié en juin 2018 ne remet pas en cause ce système de paiement par hectare. C’est tout juste s’il prévoit qu’une partie des aides (le pourcentage n’est pas défini) soit versée aux agriculteurs qui adoptent des pratiques bonnes pour le climat et l’environnement. Dans le même temps, le projet de réforme prévoit de renforcer le rôle des États membres qui pourront choisir de faire leur politique agricole à la carte. Cela créera une agriculture européenne à plusieurs vitesses, avec des situations de concurrence déloyale et un risque de course permanente vers le moins-disant social et environnemental.
C’est pour cela que nous avons déposé un amendement de rejet de la réforme de la PAC. La Commission européenne doit revoir sa copie en profondeur pour prendre en compte les nouveaux objectifs de l’UE que sont la lutte contre le changement climatique1, la protection de la biodiversité2 ainsi que la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires3.
Malheureusement, il y a peu de chances que cet amendement de rejet soit adopté. En effet, les groupes du PPE (Parti Populaire Européen) où siège la droite européenne, des socio-démocrates et des libéraux se sont mis d’accord, non seulement pour valider la réforme de la PAC, mais en plus, pour reculer sur plusieurs points.
Le groupe des Verts a déposé de nombreux amendements pour corriger le tir autant que possible.
Avec mes collègues verts mais aussi avec des député-e-s d’autres groupes, j’ai déposé une douzaine d’amendements pour améliorer le sort des animaux. Nous proposons la création d’un régime d’aide pour les agriculteurs qui adoptent les meilleures pratiques en matière de bien-être animal. À l’inverse, nous proposons que les agriculteurs qui ne respectent pas la législation en vigueur se voient retirer une partie de leurs aides. Nous proposons que l’élevage industriel mais aussi l’élevage pour la tauromachie soit complètement exclu de la PAC.
Enfin, je m’oppose très clairement à la tentative de certains député-e-s qui, sous l’influence du lobby de la viande, veulent faire interdire les appellations « burger », « saucisse » ou « steak » aux produits végétariens, sous prétexte qu’ils ne contiendraient pas de viande. Finis les « veggie burger » ou les steaks de soja !
On marche sur la tête. Qu’est-ce qui viendra ensuite ?
Plus de beurre de cacahuète, sous prétexte qu’il n’y a pas de beurre ?
Plus d’œufs en chocolat, sous prétexte qu’il n’y a pas de œufs ?
Plus de caviar d’aubergine sous prétexte qu’il n’y a pas de caviar ?
Alors que la priorité doit être à la réduction de notre consommation de produits d’origine animale, cet amendement va complètement à contresens de l’urgence climatique et des priorités des citoyens en matière de bien-être animal.
Vous pouvez interpeler les député-e-s des autres groupes sur la plateforme mise en place par le groupe des Verts-ALE.