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La loi sur la restauration de la nature : retour sur la conférence et les témoignages des protectrices et protecteurs des océans

Cantonnement de pêche du Cap Roux, Var.  Crédits photo: APAM

 

Lundi 20 mars, des protecteurs et protectrices des océans sont venus nous faire part de leur expérience en matière de restauration des écosystèmes marins. C’était à l’occasion de la conférence que j’ai organisée avec mes collègues eurodéputées Isabel Carvalhais (Groupe Socialiste et Démocrates) et Catherine Chabaud (Groupe Renaissance), ainsi que Patagonia. 

Dans le contexte des négociations en cours sur la loi sur la restauration de la nature, dont je suis rapportrice pour avis dans la commission de la Pêche, il est essentiel de visibiliser de telles initiatives pour les encourager et multiplier dans le futur. 

 

Les négociations sur la loi sur la restauration de la nature

 

Cette conférence était un rappel de la nécessité et de l’urgence d’adopter la loi sur la restauration de la nature. 

Cette loi marquera un tournant dans le droit environnemental européen. Elle fixe des objectifs en matière de restauration des écosystèmes et chaque État devra mettre en place un plan national de restauration de la nature pour les atteindre. Ce sera la première loi de ce genre à échelle européenne. 

Selon la Commission européenne, 80% des habitats en Europe sont en mauvais état. La situation est alarmante. Nous devons agir afin de renverser la tendance, nous devons repenser notre rapport à la nature. 

Ces objectifs doivent aussi s’appliquer aux océans. Ces changements doivent s’opérer main dans la main avec les pêcheurs, premiers témoins de la dégradation des océans. 

Ce sont des acteurs·rices· des océans: pêcheurs·euses·, aquaculteurs·rices·… qui lors de la conférence ont mis en évidence, au travers de leurs propres expériences et initiatives, tous les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux que génèrent la mise en place de mesures de restauration.

 

Qu’est ce que la restauration de la nature ? 

 

La restauration de la nature désigne les mesures visant à  initier ou accélérer le rétablissement d’un écosystème qui a été endommagé ou détruit. 

Les mesures de restauration se divisent en deux types : la “restauration passive” est la plus conseillée car elle permet d’empêcher plus de dégradation. Elle consiste à réduire ou arrêter les pressions exercées sur les écosystèmes, c’est par exemple le cas lors de la création d’aires marines protégées qui restreignent certaines activités humaines. La restauration active, qui peut être complémentaire, implique une intervention directe de l’homme, comme l’installation de récifs artificiels ou la réintroduction d’espèces : c’est par exemple le cas quand on replante des herbiers marins.

Des mesures de restauration existent déjà, et l’objectif de la loi est de les multiplier et les appuyer , en les rendant obligatoires pour les pays européens. 

 

Les initiatives présentées durant la conférence

 

Raquel Gaspar, co-fondatrice et directrice générale de Ocean Alive, Portugal : 

À travers un court métrage, qui paraîtra en juin, nous avons été immergés dans l’estuaire du Sado au Portugal, zone gravement menacée par la surpêche et la pollution. 

Raquel Gaspar travaille avec les pêcheuses locales à restaurer les prairies marines. Les pêcheuses locales sensibilisent, défendent un nouveau modèle possible, respectueux de l’environnement. 

Les prairies marines sont très importantes car ces habitats absorbent une grande quantité de CO2, régénèrent les stocks de poissons en fournissant un abri et une zone de reproduction pour de nombreuses espèces, améliorent la qualité de l’eau et contribuent à réduire l’acidification des océans. 

Pour Raquel Gaspar, la loi sur la restauration de la nature serait l’occasion de protéger de nouvelles espèces d’herbiers marins, car pour l’instant seule une algue marine est protégée par le règlement Natura 2000.

 

Nikki Spil, agricultrice en chef, The Seaweed Farmers, Pays Bas: 

Cette fois le court métrage nous plonge dans la ferme d’algues Car y Mor, au Pays de Galles. 

La ferme aquacole de Nikki Spil est un peu spéciale puisqu’elle se fonde sur la technique de l’agriculture océanique 3D, qui consiste à développer une polyculture complémentaire de crustacés et d’algues, en profitant de toute la hauteur de la colonne d’eau. Cela crée un environnement riche, qui sert de refuge à d’autres espèces qui viennent s’y abriter. Cette ferme d’algues renforce donc la sécurité alimentaire, ainsi que la résistance de l’écosystème. 

 

Christian Decugis, président de Low Impact Fishers of Europe (LIFE), France :

J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer ce pêcheur artisan du cantonnement de pêche du Cap Roux. Ce cantonnement est une zone interdite de pêche située en France, créée à l’initiative de la Prud’homie de pêche de Saint-Raphaël en 2003. 

L’ancienneté de ce cantonnement permet d’y constater de nombreux effets positifs: les poissons sont plus gros et plus nombreux, rendant la pêche aux abords de la zone bien plus rentable pour les pêcheurs. La nature se restaure, et les pêcheurs en veillant à sa protection, bénéficient de cette régénération. C’est là une preuve des bénéfices sociaux-économiques de la restauration passive. 

 

Le temps presse

 

Tous les acteurs présents nous ont cependant mis en garde contre une même menace qui pèse sur leurs actions : le milieu marin continue d’être dégradé. 

Le réchauffement climatique, l’acidification de l’eau, la surpêche… sont autant de dangers qui sapent de telles initiatives. 

Je vais donc continuer à me battre pour que la loi sur la restauration de la nature adoptée prenne en compte au mieux les enjeux maritimes – la Cour des Comptes européenne estime que l’Union européenne a pour le moment échoué à enrayer la dégradation des milieux marins – et permette de surmonter les blocages qui existent actuellement en matière de conservation des écosystèmes marins..

Les négociations sont difficiles car certain·es opposent sécurité alimentaire et restauration de la nature, alors que les deux sont intrinsèquement liés, mais je ferai tout mon possible pour qu’elle soit la plus forte possible, marquant un tournant dans la protection de l’environnement. 

 

Retrouvez dans l’article des Verts/ALE pourquoi nous avons besoin d’une loi sur la restauration de la nature ambitieuse:

Ramener la nature : pourquoi nous avons besoin d’une loi européenne ambitieuse sur restauration de la nature

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